"Cassagnes d'Hier et d'Aujourd'hui"

Article paru dans l'un des bulletins de l'association.

"Le cimetière Wisigothique d'Estagel"
(1999)

 

A la sortie d'Estagel, sur la nationale menant à Millas, se dresse encore près de l'ancienne station service et le long de la route, une dizaine de stèles plus ou moins cachées par les feuillages. Ces stèles sont les seules traces visibles aujourd'hui de ce que fût le cimetière Wisigothique le plus important de la région.

Ce n'est qu'en 1936 que les premières fouilles ont été effectuées. A cette époque, le terrain, d’abord planté en oliviers jusqu’à sa transformation en vignoble en 1888, n’avait pas subi de bouleversements profonds sauf sa partie septentrionale qui, entamée dès le XII° siècle par le creusement du canal d’irrigation et par l’établissement de la route nationale 612 au XIX° siècle, avait subit une destruction massive.

Quelques sépultures avaient disparu au cours des travaux agricoles, mais les labours n’avaient jamais été assez profonds pour causer d’irrémédiables dommages. Le cimetière, recouvert d’une couche de terre de 50 à 60 cm d’épaisseur était resté dans l’état même où il était lors de son abandon.
Durant 3 campagnes de fouilles, de 1936 à 1946, 150 tombes ont pu être étudiées. Lors de la dernière campagne, celle de 1946, 40 tombes numérotées de 110 à 150 ont été mises à jour.

Peu d’objets ont été recueillis, le cimetière étant pauvre. Le mobilier funéraire contenait des objets de parure et d’équipement. L’absence d’armes offensives ou défensives, de récipients de terre ou de verre incitait à reconnaître une population déjà christianisée. Toutefois, toute trace de Paganisme n’avait pas entièrement disparu, car ils enclouaient les corps et allumaient des feux rituels.

On inhumait dans ce cimetière dans le premier quart du VI° siècle.
La découverte dans la tombe 118 de deux fibules à arc surélevé obligeait désormais à avancer la date de l’occupation jusque dans le cours du V° siècle.

Les morts étaient inhumés habillés, les femmes vêtus d’une robe serrée à la taille par une ceinture, fermée par une boucle de métal et maintenue aux épaules par une paire de fibules.

On a retrouvé des grandes épingles en bronze dans la tombe 117, des boucles d’oreilles dans la 120 et des bagues dans la 120 et 133.

Mais ces Wisigoths, qui étaient-ils ?

C'est lors des grandes invasions barbares, débutées en l'an 408 de notre ère, que les Wisigoths vont faire leur apparition. En 412, après avoir saccagé Rome, ils franchissent les Alpes et déferlent sur les riches plaines du Languedoc et de L'Aquitaine. Les remparts de Narbonne, de Toulouse et de Bordeaux cèdent sous leurs assauts.
Les Wisigoths sont établis dans tout le sud de la Gaule, du Languedoc au Poitou. Ils viennent même longer les bords de la Loire.

Les Gallo-romains s'accommodent assez mal de ces nouveaux occupants d'autant plus que ces derniers ont embrassé l'hérésie Arienne. Ils s'opposent donc aux Gallo-romains qui sont fidèles à l'église catholique romaine. L'influence spirituelle Romaine fut si étendue et si durable que les Wisigoths n'eurent qu'à s'installer dans la civilisation Romaine.
Les wisigoths possèdent les deux tiers des terres, l'autre tiers appartient aux anciens habitants du pays. Ces derniers ne peuvent s'allier par le mariage aux familles barbares.
Pendant 3 siècles, les Wisigoths vont régner dans la région et, s'étant peu mélangés aux populations autochtones, ce n'est qu'en l'an 720 qu'ils seront pratiquement anéantis par les Arabes.

Cassagnes, Village Wisigoth ?

On a retrouvé récemment une autre nécropole Wisigothique près d'Ansignan, c'est dire si la région a été habitées par ce peuple. La première mention du village de Cassagnes est en l'an 889, soit un peu plus de 150 ans après l'invasion Arabe et la disparition de la plupart des familles Wisigothes. Mais ce n'est pas parce que l'on cite un village à telle année que ce village n'existait pas avant et un certain nombre de familles ont survécu, éparpillées sur tout le territoire que les Wisigoths occupaient. Alors même si n'y a aucune trace ni preuve formelle qui établisse la présence ou non des Wisigoths sur le territoire de Cassagnes, on peut laisser aller son imagination et penser que certains de ces hommes et de ces femmes d'une autre époque, d'autres coutumes ont pu être les lointains ancêtres des Cassagnols d'aujourd'hui.

 

Philippe HURTEBIZE