"Cassagnes d'Hier et d'Aujourd'hui"
Restauration de l’ancienne horloge du clocher de Cassagnes.
Le projet |
Cela faisait déjà quelques années que cette idée nous trottait dans la tête, celle de descendre du clocher l’ancienne horloge, de la restaurer et de l’exposer à la mairie.
C’est Régis qui en avait parlé en premier et il ne restait plus qu'à se lancer dans ce projet un peu fou, mais toutefois réalisable.
Seulement voilà, par faute de temps, manque de disponibilité et surtout d’idées pour s’en occuper sérieusement, l’horloge restait toujours dans son coffret en bois, là-haut, tout en haut du clocher, vouée à la poussière, à la rouille et à l’oubli.
Les années passèrent et une occasion pour s’en occuper se produisit néanmoins fin 2004 quand la commune décida d’enlever l’horloge afin de rénover la partie haute du clocher, extérieur comme intérieur. Le plancher devant être refait complètement, il était obligatoire de la déménager.
Régis me dit qu’il aurait été souhaitable de procéder nous même au déménagement afin de pouvoir la remonter ailleurs mais encore une fois, par manque de disponibilité, l’horloge fut démontée sans ménagement en janvier 2005 par les maçons et transportée en vrac dans les locaux de la mairie à Cuxous.
Début 2006, soit un peu plus d'un an après, Régis revint me voir pour me parler de l’état lamentable de l’horloge à Cuxous et qu’il faudrait vraiment faire quelque chose avant qu’elle ne se perde définitivement ou pire … finisse un jour à la décharge !
Le projet de la restaurer et de l’exposer, déjà donc dans l’air du temps depuis longtemps, devait cette fois ci se concrétiser. L'association "Cassagnes d'Hier et d'Aujourd'hui" se devait maintenant de mener cette opération de "sauvetage" et en juillet 2006, c’était décidé, on lançait le projet de restauration.
On reçu l’accord de la mairie pour la ramener au village et d’effectuer les travaux au 3ème étage de l'atelier communal.
Régis se proposa pour la partie restauration proprement dite et je m’occupais de lui fournir les documents ainsi que les informations que je pourrais trouver.
Petit rappel historique |
1873.
Une horloge et un clocher.
La commune lance le projet d'acquisition d'une horloge et la construction d'un clocher …
L'horloge est achetée courant 1875 mais les premières pierres du clocher ne seront posées qu'en décembre 1880. Deux ans plus tard, le clocher est achevé.
Aucune information sur cette première horloge, ni modèle, ni ... histoire.
Seule une inscription sur le cadran, aperçue sur les cartes postales anciennes du clocher, nous permet d'avoir le nom de l'horloger qui a probablement installé l'horloge. Il y est indiqué "Abadie" en haut et "Perpignan" en bas.
Il s'agit de Jacques Abadie, horloger mécanicien de Perpignan, spécialiste des horloges publiques.
Le traitement du remonteur s’élevait à 30 francs pour 1896 et avant la guerre de 39-40, c'était François Izard qui remontait l'horloge.
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Cadran "Abadie" | Pub "Abadie" |
1946.
Achat de la nouvelle horloge.
C’est celle qui nous intéresse aujourd’hui et qui fait l’objet de cette restauration.
Elle est achetée en septembre 1946 auprès de l’entreprise Terraillon située à Perrigny (Jura) et son distributeur local est un horloger-artisan de St Féliu d’Avall nommé Michel Foy.
On procède au rehaussement de son emplacement avec percement du mur pour le nouveau cadran transparent.
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Le clocher dans les années 30 | Le clocher dans les années 50 |
On voit nettement les changements apportés concernant l'emplacement du nouveau cadran. |
L’ancienne horloge a été récupérée à cette époque, soit par un particulier, soit, plus probable, par le distributeur lui-même mais aucune information sur ce qu’elle devint.
Les avis divergent par contre concernant le cadran. Certains disent qu’il servi pour boucher un puits dans une vigne, d’autres racontent qu’il fut démonté et que les pièces furent récupérées par des particuliers (Bois, Zinc, Aiguilles, Engrenages) ?
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Nouveau cadran de 1946 |
Durant toute l’époque de son utilisation, l’horloger de St Feliu fera différentes maintenances au moins, d’après les factures, jusqu’en 1952.
Christophe, qui fut employé municipal durant les années 60 et 70, raconte que pendant cette période (Année ?), elle fut entièrement démontée et transportée chez un horloger de Millas, donc plus à St Feliu, afin d’y être révisée.
1988 ou 1989.
Remplacement de l’horloge par un mécanisme électronique.
Après un peu plus de 40 ans de bons et loyaux services, l’horloge devint de moins en moins précise. Il y avait du jeu dans le mécanisme et beaucoup de pièces étaient usées.
Dans les derniers temps, Serge, le remplaçant de Christophe, raconte qu’il était pratiquement obligé de monter tous les jours en haut du clocher pour la remettre à l’heure. Parfois, des décalages d’une demi-heure, voire d’une heure étaient observés.
De ce fait et plutôt que de la réviser une nouvelle fois, il fut décidé de la remplacer par un système électronique et beaucoup plus moderne.
Après la mise en place du petit boîtier commandant tout le nouveau système, y compris les marteaux électriques, l’horloge resta en place dans son coffret en bois. Elle ne gênait pas et de toute façon, on ne trouva aucun volontaire pour la descendre ... vu son poids !!!
Elle y restera pendant presque 15 ans jusqu’au moment où la commune décida de l’enlever une bonne fois pour toute.
Etat des lieux |
1er août 2006.
Voir l’étendue des dégâts.
Régis m’emmène dans les ateliers de la mairie à Cuxous. L’horloge est étendue par terre en pièces détachées, le coffret en bois posé contre le mur. Les premiers clichés sont effectués.
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- 10 photos - |
Début août 2006.
Ramener l’horloge à Cassagnes.
Avec l’aide de Mathieu et Basile, Régis entreprend d’emmener les pièces dans des locaux plus adaptés à des travaux de restauration.
On peut dire qu'ils ont galéré pour la monter au 3ème étage !
Courant août.
Recherche et regroupement d'infos.
Lors d’une visite en haut du clocher et dans le local où se trouvait l’horloge, on retrouve accrochée au mur, une "notice pour l’entretien d’une horloge" avec l’entête du fabricant : Paul Odobey Fils.
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Notice d'entretien |
Je fais une recherche sur le web à partir du nom trouvé sur la notice et je tombe sur un site superbe sur les Horloges d'édifice, très riche en documentations et qui nous permet d’avoir les toutes premières infos.
http://www.horloge-edifice.fr
Egalement sur le web, la copie conforme de notre horloge en plusieurs clichés et bien entendu complète. De nouveaux éléments de réponse et dorénavant un objectif à atteindre, celui de remonter notre horloge comme celle photographiée sur ce site !!
http://www.my-time-machines.net/paul_odobey-detail.htm
Il s’agit donc bien d’une horloge modèle Paul Odobey fils / Terraillon.
Août-septembre 2006.
Identifier les pièces et recherche du fonctionnement général.
Ni Régis ni moi n’avons vu fonctionner l’horloge, ce qui nous pose quelques soucis sur sa future restauration.
J’écris au webmaster du site sur les horloges d’édifices pour l'avertir de notre projet. Aide et échanges d'infos possibles.
J’appelle également Serge qui s’est occupé de l’horloge pendant quelques années et qui a vécu son remplacement. Il m’explique les problèmes liés aux problèmes de l’horloge et du fonctionnement des poids.
Description de l'ensemble de l'horloge.
Avertissement : Nos notions d'horlogerie étant primaires, les termes employés dans la description ci dessous peuvent être erronés. Nous ferons les modifications au fur et à mesure de nos "montées en compétence" dans le domaine.
- Un châssis pour l'horloge en fonte : 147 x 50,3 en haut de socle, 58,6 à la base.
- 3 axes pour le remontage des poids à l'aide d'une manivelle.
- 3 corps de rouage permettant le remontage des poids. l'un pour le mouvement des aiguilles (au centre). L'autre pour les sonneries des quarts d'heure (à gauche). Le dernier pour la sonnerie des heures (à droite).
- 1 roue pour le mécanisme des quarts. 10 taquets de levée. 1 pour le quart, 2 pour la demi, 3 pour les 3/4 et 4 pour l'heure : 1+2+3+4 = 10 sonneries.
- 1 roue pour le mécanisme des heures. 12 taquets de levée.
- 1 râteau pour les quarts, un autre pour les heures.
- 1 balancier en fonte où il est inscrit "R A" de chaque côté.
- 1 tige de balancier en sapin mais cassée.
- Le corps de l'horloge proprement dit avec tous les mécanismes de fonctionnement. Un cadran en émail. 2 volets à ailettes. Un seul contre-poids.
- 3 bras de détentes. 2 principaux situés pour les quarts et pour les heures. 1 troisième dont l'utilisation est peut être couplée avec l'un ou l'autre des 2 autres bras.
- La tringlerie (Mécanisme reliant l'horloge au cadran situé au mur du clocher). Planche en bois et barre.
Philippe, le sympathique Webmaster du site sur les horloges d’édifices nous a répondu et donné les infos concernant quelques interrogations sur le fonctionnement et le nettoyage.
Entre autres, avec Régis, nous nous posions la question, à savoir quelle était la signification des initiales "R.A" sur le balancier ?. Tout simplement "Retard - Avance".
"En fonction du sens de rotation de l'écrou en bas du balancier, cela fait monter ou descendre la lentille et donc avancer ou retarder l'horloge. Pour retard, tourner vers la gauche, pour avancer, tourner vers la droite".
Nous avions également
découvert un numéro, le 321, poinçonné sur pratiquement toutes les pièces. Il s'agit du numéro de modèle.
Enfin, concernant le contrepoids, il s'agit de ce petit poids accroché à l'une des détentes, pour l'équilibrage.
Une chance extraordinaire s’offre à nous en la personne d’Eric.
Il a grandi à Bélesta et il s’avère que le clocher du village possède encore une belle horloge en état de marche.
Du coup, une visite s’impose et Régis découvre que l’horloge en question, sans être tout à fait la même, ressemble beaucoup à la notre.
De plus, Eric est très calé sur la question du fait que c’est justement lui qui est chargé de l’entretien de l’horloge de Bélesta et se propose de nous en expliquer le fonctionnement ainsi que de nous aider pour la restauration.
Super, n’est-ce pas ?
La restauration de l'horloge |
C'est donc parti pour cette aventure.
Avec l'aide de Philippe, le Webmaster du site sur les horloges d’édifices, Régis s'est procuré le matériel nécessaire pour faire la mixture magique permettant de décaper les différentes pièces.
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Août 2006. Le jour où l'horloge est montée au 2ème étage de l'atelier municipal, Régis a pris quelques photos des différentes pièces pour se donner une idée du travail à entreprendre ! |
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Septembre 2006. Nouvelle série de photos de l'horloge avant d'entamer la restauration. On peut même y voir, encore en place autour des roues, les câbles en acier permettant de suspendre les poids. |
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Octobre 2006. Nous démontons tout d'abord toutes les pièces se trouvant sur le châssis, les rangeons soigneusement en les identifiant toutes les unes des autres. |
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Novembre 2006. De retour à Cassagnes en ce fin de mois de novembre, on continue le nettoyage avec comme objectif le premier corps de rouage. Démontage complet et nettoyage. |
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Janvier 2007. En décembre, Régis attaque seul l’un des 3 autres corps de rouages restant. Très gros boulot et quelque peu démotivant tout seul. Certaines grosses pièces sont à décaper à la main sans passer par le bain. Début janvier, il a terminé le nettoyage, remonté et installé le corps de rouage dont il s’était occupé. Il me fait savoir qu’il m’attendra pour le 2ème car c’est plus motivant de le faire à plusieurs. |
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Février 2007. Le démontage et remontage de la roue des heures a été très rapide à faire. |
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Mars 2007. Comme prévu on s'attaque, Régis et moi, au dernier corps de rouage. L'objectif est de le terminer avant la fin de mon séjour, en fin de semaine. Il ne restera plus qu'à terminer la roue des quarts. |
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Avril 2007. A l'occasion du passage de l'entreprise Bodet pour l'entretien de l'horloge électronique, le technicien a fait remarquer à Régis un petit détail concernant le petit cadran ...
I II III IIII
Enfin, Si l'on sépare le cadran en 2 verticalement (moitié du XII et moitié du VI) on se retrouve avec 14 signes de part et d'autres de cette ligne virtuelle. Il fallait y penser ... |
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Août 2007. Un an déjà que nous avons commencé l'aventure. |
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Catalogue 1909 (En préparation) |
Septembre 2007. Durant cette pause jusqu’au retour à l’atelier, nous avons reçu un message de Daniel, un passionné d’horloges anciennes et qui nous a envoyé le catalogue Paul Odobey de 1909. Le schéma de notre horloge y figure, tout du moins le modèle. Daniel en profite pour nous donner quelques indications supplémentaires sur le cadran et de corriger quelques erreurs. Un grand merci à lui et voici d'ailleurs un lien vers sa page web et son impressionnante collection d'horloges : http://horloges.charroux.com |
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Octobre 2007. Quelques pièces du bloc central, les plus accessibles, ont commencé à être nettoyées. |
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Mars 2008. Presque 8 mois sans être retourné à l'atelier. Le manque de disponibilité, encore et toujours, a fait que la restauration de l'horloge est restée en suspend. Il est temps de s'y remettre. Les photos prises au mois d'août dernier seront utiles pour la reprise. |
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Mai 2008. A l'occasion d'un nouveau passage à Cassagnes, Régis et moi profitons pour essayer de remonter les derniers éléments. |
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Septembre 2008. Le cadran a été acheté en Allemagne et installé à la fin du mois de septembre. Il ne reste désormais que la grande aiguille à réaliser mais on peut dire qu'après 2 ans : "Nous avons terminé la restauration de l'ancienne horloge de Cassagnes". La prochaine grande étape sera de la transférer dans un local où elle pourra être admirée. Reste à savoir quand ? |
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Juillet 2013. Après cinq ans, l’opération de transfert tardait à se réaliser et au printemps 2013, nous nous sommes donnés pour objectif de finaliser l’ensemble pour le jour de l’Assemblée Générale de notre association, le 1er août. Le 29 juillet au soir … L’horloge était fin prête pour être admirée. |
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Août 2013. Séance photos. En ce début de mois d’août, l’horloge a été prise en photo sous tous ses angles lors d'une séance spéciale effectuée par François. Un grand merci à lui pour ces très beaux clichés ! |